A priori le vivant définit ce qui est animé. Le vivant se forme à partir de sa propre substance, se transforme, tente de se perpétuer. En cela le vivant s’oppose au minéral, à la matière inerte, sans vie ou morte.
Notre appréhension immédiate du vivant distingue clairement ses deux formes, le végétal et l’animal. L’animal se déplace dans son milieu ; le végétal est immobile, rivé au sol. Le végétal se nourrit d’eau, de sels minéraux et de lumière qu’il transforme par photosynthèse. L’ animal se nourrit de corps organiques qu’il métabolise et qui lui fournissent son énergie. Les animaux possèdent un système nerveux, sont sensibles, décident. La plante s’organise en répondant à des réactions biochimiques..

LA DIONEE ET LE STROMATOLITE: LES BIZARRERIES DU VIVANT
Il apparait pourtant que les avancées des sciences du vivant ne se satisfont pas de cette typologie. Nous avions déjà l’intuition de quelques bizarreries de la nature. Les dionées sont, des plantes qui attrapent les insectes et s’en nourrissent . Elles nous paraissent une incongruité de l’ordre naturel . Elles rompent avec la photosynthèse et en empruntant le mode alimentaire que nous pensions propre à l’animalité. L’appartenance de l’éponge et de l’étoile de mer, de la méduse ,du corail au règne animal nous intrigue. La découverte dans les grandes profondeurs marines de plantes mystérieuses qui vivent par chimiosynthèse et non par photosynthèse nous étonne. On trouve dans de rares fonds marins ou lacustres de stromatolites ayant des milliards d’’années, formées de cyanobactéries fossilisées. Cela nous interroge sur l’origine de la vie et sur les liens qui peuvent exister entre le minéral et le vivant.

Nous pensions que tout cela n’était que des exceptions qui confirmaient la règle. Il faut renoncer à cette idée. En réalité la vie est étonnamment multiforme et complexe et ne peut être comprise dans la simple dichotomie végétal/animal. La taxinomie a d’ailleurs évolué et considère qu’il existe, au delà du végétal au moins quatre autres règnes…
QUATRE REGNES DU VIVANT PAR DELA LE VEGETAL ET L’ANIMAL
Les champignons, longtemps apparentés aux végétaux par leur apparence e forment aujourd’hui une catégorie à part : fongi. En effet les champignons n’ont pas recours à la photosynthèse. A l’instar des animaux, ils se nourrissent de matières organiques, dissoutes dans les sols, par différents modes d’absorption. Par ailleurs les champignons visibles ne sont souvent que la partie émergé d’un mycélium. Celui-ci forme un réseau souterrain complexe, parfois immense, de filaments vivants dont le champignon visible n’est que l’organe reproducteur. Le champignon est en quelque sorte au mycélium ce que la fleur est à la plante. Le mycélium est une composante essentielle de l’humus. Il est une partie importante de la biomasse terrestre. Il vit en symbiose avec les racines des plantes auxquelles il facilite l’accès à l’eau et aux sels minéraux.
Le monde des micro-organismes a par ailleurs ses propres formes du vivant, trois nouveaux règnes ont ainsi été distingués : les bactéries, les archées et les protistes.
Les bactéries généralement unicellulaires et de la taille habituelle du millième de millimètres, sont des agents de base de du vivant et le décomposent, le transforment, le recyclent
Les archées apparaissent quant eux comme des organismes primordiaux ayant peu mutés depuis la nuit des temps, capables de se développer dans les milieux plus extrêmes, comme les grands fonds océaniques, les sources brulantes ou acides. A l’instar des bactéries elles se reproduisent par division mais aussi plus spécifiquement par bourgeonnement
Les protistes longtemps qualifiés de protozoaires, sont eux aussi extrêmement présents dans la nature. Ils se distinguent des règnes précédents par un niveau d organisation un peu plus complexe pouvant présenter déjà plusieurs cellules, un noyau, une vie en colonies.

ALORS QUELLES LEÇONS TIRER DE CETTE NOUVELLE CLASSIFICATION DU VIVANT ?
En premier lieu peut être, la nécessité de définir, entre biochimie et philosophie, l’essence du vivant, plutôt que de chercher à l’appréhender par sa classification en règne et en espèces reposant sur des attributs. Ensuite la confirmation du principe même de l’évolution. L’examen des règnes du vivant montre bien comment la vie est passée du plus simple au plus complexe, des microorganismes unicellulaires aux végétaux et aux animaux. Troisièmement le fait que cette évolution ne s’est pas traduite par la disparation des formes les plus archaïques du vivant mais plutôt par la permanence de certaines d’’entre elles, voir parfois leur adaptation face formes plus complexes qu’elles ont engendré. Quatrièmement< l’extraordinaire foisonnement et efficacité des formes et des stratégies de reproduction, d’alimentation, d’adaptation au milieu. En dernier lieu la complémentarité, voir la symbiose fréquente entre les différents règnes et le fait que cette coopération soit pour chacun des règnes une condition fréquente de sa propre existence. En se sens la meilleur connaissance que nous avons du vivant microscopique, l’intérêt actuel par exemple pour le microbiote, témoignent de cette complémentarité longtemps ignorée tant que l’œil nu restait la seule source de connaissance.
C’est ainsi, à raison, que la biodiversité est devenue priorité, à la fois comme objet d’étude et comme principe éthique.
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