Le bouleversement des modalités d ‘admission dans l’enseignement supérieur
En l’espace de deux ans, au gré des importantes réformes du lycée, de l’avènement de la plateforme Parcoursup et sous le couvercle de la crise sanitaire, un bouleversement majeur, historique, a eu lieu dans les modes d’admission à l’enseignement supérieur.
Jusque là, hors classes préparatoires, deux systèmes coexistaient. L’ admission dans les filières sélectives à travers des concours reposait sur des épreuves écrites. Conjointement l’inscription se faisait, de droit, dans un établissement universitaire. Désormais, le parcours remplace le concours. Désormais le recrutement se fait essentiellement à partir du dossier scolaire. Celui-ci prend en compte les notes obtenues en première, et en terminale avant le mois d’avril, tandis qu’ une grande partie des établissements de l’enseignement supérieur est devenue sélective.
L’expérience de deux années troublées et troublantes
La première expérience de ce recrutement sur dossier, au cours des deux dernières années, révèle un trouble profond. Les grandes différences de notation d’un établissement à l’autre voire entre professeurs, ont rendu la lecture des dossiers complexe. Les algorithmes auxquels recourent de nombreux établissements ne savent pas différencier le niveau réel des candidats. Leur éventuel paramétrage qui prétendrait mesurer les différences entre les lycées les plus réputés et les autres, s’avèrerait arbitraire et au fond inacceptable.
Y -a-t-il une façon républicaine de sélectionner les dossiers ?
Par ailleurs, lorsque ce sont des jurys qui évaluent les dossiers, il faut comprendre qu’il y a bien des façons d’être républicain ! Certains prennent la note telle qu’elle est en ayant le sentiment de réduire ainsi les inégalités traditionnelles. D’autres réinterprètent empiriquement les notes selon la réputation du lycée au nom de l’équité. Enfin, l’ensemble de ce système tend à conduire à de bonnes et très bonnes notes pour un grand nombre d’élèves. Les établissements et les professeurs qui notaient le plus sévèrement sont en train abdiquer de cette pratique sous la pression conjuguée des élèves et des parents. De ce fait, la volonté de sélectionner les meilleurs dossiers est en train d’ aboutir à des résultats bien aléatoires.
Les épreuves de français du bac et les épreuves de spécialités semblent en passe de devenir les clefs de l ‘admission dans l ‘enseignement supérieur.
En ce sens, les épreuves écrites du bac, passées avant avril seront le critère décisif de l’évaluation des dossiers dans la mesure où ces notes du bac paraissent comparables, nationales, légitimes. Ainsi, l’écrit et l’oral de français passés en première et les deux épreuves de spécialité, passées en terminale, cette année entre le 14 et le 16 mars, seront absolument décisives pour l’intégration dans l’enseignement supérieur . Ces notes devraient en effet figurer sur tous les dossiers Parcoursup. Il va être impératif de préparer au mieux ces épreuves