La présidente de transition en Centrafrique, Catherine Samba-Panza, a confirmé le 31 octobre 2015, la tenue prochaine, au mois de décembre et de janvier, d’un referendum et d’élections qui visent à remettre le pays sur pied après de longues années d’instabilité et de coups de force. Les centrafricains devraient ainsi tour à tour voter à un referendum sur l’adoption de nouvelles institutions et élire une assemblée législative et un nouveau président.
Ce processus malgré les nombreuses violences et combats qui affectent le pays devrait être garanti par la présence militaire simultanée des forces françaises et de la force d’interposition onusienne – la Minusca.
La France qui a commencé à intervenir en 2013 en Centrafrique voudrait mettre à profit cette issue politique pour réduire son intervention. La France a confirmé à plusieurs reprises qu’elle passerait de plus en plus le relai à la Minusca onusienne et qu’elle réduirait ses effectifs, aujourd’hui de 2000 hommes, pour les ramener seulement à 800 hommes en 2016.
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L’opération militaire française Sangaris a commencé officiellement début décembre 2013. La France est intervenue avec un mandat de l’ONU dans la guerre civile en République Centrafricaine face au risque apparent de massacres interethniques.
L’intervention française veut pallier les carences d’un pouvoir central en faillite, incapable de rétablir l’ordre.
La crise centrafricaine remonte loin. Entre 1965 et 1979, le pays avait subi la dictature de Bokassa. Depuis la République Centrafricaine peine à se démocratiser. A ce titre, la présidence de François Bozizé, de 2003 à 2013 a été particulièrement chaotique. Arrivé au pouvoir en 2003 par un coup d’état appuyé par la France, le président Bozizé n’avait jamais réussi à stabiliser la situation politique et avait dû faire face la rébellion armée des seleka, à majorité musulmane (le terme seleka signifie dans la langue nationale, le sango, « coalition »). En 2013, les rebelles étaient entrés à Bangui, la capitale, et avaient fini par renverser le régime de Bozizé.
La précarité politique est aggravée par l‘instabilité des pays voisins, le Soudan, le Tchad, la République Démocratique du Congo et par les luttes d’influence de leurs propres factions qui se répercutent sur le Centrafrique.
La récession économique des années 1990 a accentué les troubles, le pays dépendant principalement des cours du diamant, du café et désormais du pétrole. Le jeu trouble des intérêts miniers et pétroliers ajoute à la complexité de la situation. Le président déchu Bozizé lui-même avait déclaré avoir perdu une partie de ses appuis essentiels en France lorsqu’il avait cédé, en 2012, la nouvelle concession de pétrole à la China National Petroleum Corporation plutôt qu’à Total.
Depuis 2013 la République Centrafricaine est menacée de chaos. Les forces rebelles seleka, qui s’étaient alliées pour renverser le régime, sont divisées et menées par des chefs de guerre locaux. Face aux exactions des seleka, des milices d’autodéfenses, les antibalaka, à majorité chrétienne, s’étaient formées. Elles sont-elles mêmes souvent devenues des bandes armées incontrôlées. Les violences communautaires et confessionnelles se sont multipliées faisant peser la menace d’une catastrophe humanitaire.
A l’origine, l’intervention française devait être brève, Le nom même de l’opération faisait référence au papillon africain Cymothoais sangaris, mais le pays est loin d’être pacifié. Sangaris et les forces de la Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique (MISCA) ont du mal à contenir les groupes armés, à sécuriser les villes et à permettre l’accès aux organisations humanitaires. Le pays, fortement rural, ne comptant que 4,5 millions habitants pour une étendue supérieure à celle de la France, reste peu contrôlable, à l’exception peut-être de la capitale, Bangui.
Le désengagement français est théoriquement possible dans la mesure où l’ONU a pris le relais. L’ONU a lancé en avril 2014 l’envoi de casques bleus avec la MINUSCA qui atteint déjà près de 9000 hommes en mai 2015. Cela n’a pas signifié pour autant le départ des soldats français. Au-delà des objectifs humanitaires affichés, la présence militaire reste pour le gouvernement français un moyen de peser sur l’issue des événements dans son ancienne colonie. La présence militaires française est cependant entachée du soupçon de cas de viols sur des enfants centrafricains – une enquête a été diligentée.
Un accord de cessation des hostilités a été obtenu en juillet 2014 sous la pression de la communauté internationale et de la France. Une phase de négociation s’est ainsi ouverte pour tenter de trouver une réponse politique. En mai 2015, un forum de pacification a eu lieu à Bangui, qui propose un accord de désarmement, de démobilisation et de réinsertion entre neuf groupes armés et le ministère de la Défense. Il invite chaque groupe à cesser immédiatement la lutte armée et prévoit la possibilité d’intégration des combattants dans l’armée régulière ou la police. La pacification reste aléatoire dans la mesure ou une partie des forces rebelles de la Seleka a boycotté ce forum. 18.11.2015 copyright by ELEAD
by ELEAD | Les dates clefs de la présence française en Centrafrique |
Aout 1960 | Indépendance de la République Centrafricaine, ancienne colonie française |
1965 | Jean Bedel Bokassa, ancien capitaine de l’armée française, prend le pouvoir par un coup d’Etat. |
1977 | Bokassa se sacre Empereur de Centrafrique |
1979 | Bokassa qui s’était rapproché de Kadhafi et converti à l’islam est déposé par un coup d’état appuyé par une opération militaire française « l’opération barracuda » |
1993 | Dans le cadre du processus de démocratisation, des élections présidentielles ouvertes amènent au pouvoir le président Felix Ange Patassé |
2001 | Un coup d’Etat militaire soutenu par la France dépose le président Patassé et porte au pouvoir le général Bozizé |
2003- 2007 | Première guerre civile ou s’opposent d’un côté l’armée loyaliste et les partisans du président Bozizé et de l’autre les rebelles musulmans de la coalition Seleka .La guerre civile se clôt avec un accord de paix arraché par la communauté internationale |
2012-2013 | Au terme d’une seconde guerre civile les forces rebelles de la Seleka s’emparent de la capitale Bangui et déposent le président Bozizé |
Déc. 2013 | Création de la MISCA, la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine, force d’intervention interafricaine comptant près de 2500 hommes |
Déc. 2013 | Dans un pays plongé dans l’affrontement entre les Seleka et les milices chrétiennes loyalistes antibalaka, l’ONU donne mandat à la France et à la MISCA là pour intervenir militairement afin de pacifier la situation |
Janvier 2014 | Intervention militaire française, dite opération Sangaris, qui chasse les forces seleka de Bangui ; nomination de Catherine Samba Panza comme chef d’état de transition |
Avril 2014 | Début de l’envoi des casques bleu de la Minusca ,Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine pour une force devant atteindre progressivement 12 000 hommes. Envoi d’une force européenne l’Eufor-RCA de 800 soldats |
Aout 2014 | Tentative de solution politique avec la nomination d’un premier ministre musulman |