L’ESCP absorbe Novancia et ouvre un bachelor en 2017

Challenges | 08.07.2016  | Par Claire Bouleau …………..

La CCI Paris-Ile-de-France a voté le rapprochement entre les deux écoles de commerce Novancia et ESCP Europe. Cela permet à cette dernière de récupérer le bachelor de la première.

« Savez-vous quelles sont les deux grandes écoles de commerce qui n’ont pas de bachelor en France? », lance à Challenges, malicieux, Frank Bournois, directeur d’ESCP Europe. Réponse: HEC et ESCP Europe, justement. Toutes les autres possèdent déjà un bachelor, ce programme de trois ou quatre ans proposé aux élèves sortant du bac. ESCP Europe a bien ouvert un bachelor en 2015, mais pas en France: bénéficiant d’un visa allemand, il est dispensé sur le campus de Londres et réservé aux étudiants étrangers. Elle s’apprête cependant à rejoindre la masse de ses consoeurs. Ce jeudi 7 juillet, la CCI Paris-Ile-de-France a voté en assemblée générale le rapprochement d’ESCP Europe avec l’école post-bac Novancia, deux établissements parisiens qu’elle chapeaute. ESCP Europe va récupérer les 18.000 m² de Novancia, à Montparnasse, et surtout, son bachelor parisien.
Un seul bachelor ESCP Europe
Classé 16ème dans notre palmarès 2016 des bachelors, Novancia jouit d’une bonne réputation. Son cursus bénéficie du visa sur six ans, un gage de qualité. « Ce rapprochement nous permet d’aller très vite, car le bachelor de Novancia est ancien », explique Frank Bournois. Ce dernier compte apposer la marque ESCP Europe à cette formation, et faire disparaître le nom Novancia dès que la promotion entrée en 2016 sera diplômée. « Il n’y aura qu’un seul bachelor ESCP Europe, avec deux programmes. » Pour leurs trois ans d’études, les élèves pourront choisir soit le parcours actuel qui démarre à Londres et impose de faire la dernière année en Allemagne, soit le parcours actuellement proposé par Novancia, qui débute à Paris, mais qu’il sera possible de poursuivre sur les autres campus d’ESCP Europe (6 au total).
Atteindre une taille critique
Comment s’explique cet engouement croissant pour les bachelors? « ESCP Europe a l’ambition d’être la meilleure business school en Europe », répond Frank Bournois. « Or, pour moi les business schools qui seront au sommet demain sont celles qui auront une très belle marque, et une taille critique. Je ne peux pas augmenter la taille du programme Grande Ecole, ce qui voudrait dire dégrader la sélectivité. » Le bachelor permet de le faire sans toucher au navire amiral, le parcours réservé aux élèves de prépa.
Il ajoute aussi de l’argent dans les caisses, à l’heure où les ressources des écoles de commerce se raréfient. Deux arguments qui ont, en leur temps, déjà séduit l’EDHEC ou l’ESSEC, dont les bachelors sont aujourd’hui très réputés, en tête de notre palmarès. Depuis, les bachelors se sont multipliés.
10 millions de charges supplémentaires
A ESCP Europe, les frais de scolarité annuels seront compris entre 12.000 et 15.000 euros. « Il existe un intérêt financier, nous pourrons mutualiser des services aux étudiants sur un plus grand nombre d’élèves », se réjouit Frank Bournois. Les élèves et alumni de l’école, opposés depuis le départ au rapprochement entre ESCP Europe et Novancia, voient la question d’un autre oeil. Arnaud Nourry, PDG d’Hachette Livre, et aussi président d’ESCP Europe Alumni, a envoyé ce 8 juillet un courrier aux diplômés, dans lequel il appelle à la vigilance: « Nous exprimons les plus grandes réserves sur ce projet qui se traduira par un transfert de plus de 10 millions d’euros de charges de Novancia vers ESCP Europe ». Frank Bournois, lui rétorque, que le chiffre pertinent est plutôt 6 millions, une fois prises en compte les recettes apportées par Novancia. « Nous parviendrons en 2021 à être dans l’autonomie financière totale », annonce le directeur.
Tous sauf HEC
A voir l’explosion du nombre de bachelors ces dernières années, on en déduit que l’équation financière doit être intéressante. En décembre, c’est Polytechnique qui a créé la surprise en annonçant le lancement d’un programme post-bac en trois ans. Ouvert à la rentrée 2018, il accueillera 150 étudiants par an. Sciences po, de son côté, mène une refonte de son collège universitaire… autrement dit, des trois premières années d’étude, qui correspondent au niveau bachelor. A l’EDHEC, le directeur Olivier Oger a annoncé il y a quelques mois qu’il chapeauterait directement le bachelor, un an après avoir changé son nom d’ESPEME en BBA Edhec. Le bachelor est en effet aussi un moyen de diffuser plus largement la marque de l’école.
Mais un irréductible gaulois résiste encore et toujours à la tentation: HEC. Interrogé par Challenges récemment, son directeur Peter Todd rappelait que la business school possède déjà deux excellents cursus, le programme Grande Ecole et le MBA. « Nous privilégions la qualité sur la quantité dans ce que nous faisons, justifiait Peter Todd. Nous ne voulons pas faire des choses pour des raisons économiques, mais parce que la qualité est là, parce que nous sommes les meilleurs au monde ». Il est vrai que l’explosion du nombre de bachelors recouvre des réalités très diverses. Mieux vaut se renseigner à deux fois sur l’école, la présence d’un visa ou non, sa durée, et son coût, avant de se lancer dans cette formation tant prisée.

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